On est loin de la médiatisation de l’accord de Paris signé lors de la Cop21, en 2015. Pourtant, l’adoption de l’amendement de Kigali vaut son pesant d’air co dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Le Parlement wallon vient d’adopter à l’unanimité le projet de décret qui permet de s’engager dans un défi colossal et collectif: réduire de 80% l’émission des hydrofluorocarbures (HFC) d’ici à 2048. Soit l’équivalent de 72 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère.

1. Après le trou dans la couche d’ozone, le réchauffement climatique C’était il y a 30 ans. Le protocole de Montréal se fixait un objectif: supprimer les substances qui attaquent la couche d’ozone. Aujourd’hui, on y est. Tout le monde s’y est mis et les produits en question, les chlorofluorocarbures (CFC) ont disparu de la circulation, à 99%. Mais ils ont par contre été abondamment remplacés par des substances alternatives qui aggravent le réchauffement climatique. Dont les HFC, les hydrofluorocarbures, qui sont utilisés dans le même créneau industriel: la climatisation, la réfrigération, la protection incendie, les mousses isolantes et les aérosols.

2. Unanimité sur l’objectif de Kigali Le protocole

de Montréal a déjà fait l’objet de plusieurs amendements pour faire évoluer le texte. Le dernier en date a été signé à Kigali, en octobre 2016. C’est ce texte qui définit le fameux objectif d’une réduction de 80 à 85% de la production et de l’usage des HFC, dans les 30 années à venir. Et qui a fait l’objet d’un projet de décret, présenté hier par le ministre-président wallon Willy Borsus en commission. Il a été voté à l’unanimité. Bon à savoir: 197 pays ont signé le texte et sont donc eux aussi appelés à se mobiliser (ou l’ont déjà fait).

3. 14 000 fois plus puissant que le CO2 « L’amendement de Kigali signe donc la fin progressive des HFC, dont l’effet de serre est 14 000 fois plus puissant que le CO2 , salue Jean-Paul Wahl (MR). La réduction de ces hydrofluorocarbures devrait éviter un réchauffement de 0,5 °C d’ici la fin du siècle, tout en continuant à protéger la couche d’ozone ». Willy Borsus confirme: « Le dispositif aura des effets bénéfiques sur la santé et l’environnement de manière globale. Et il est juridiquement contraignant. »

4. «Je me souviens, c’était en 2018…» Le projet de décret wallon entrera en vigueur au 1er janvier 2019. Et comme le rappelle Willy Borsus, le plan wallon Air-Climat-Energie intègre déjà des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. « Mais il reste beaucoup, beaucoup de travail sur le plan international », intervient l’Écolo Stéphane Hazée. Heureux néanmoins de constater que la procédure d’assentiment n’a pas traîné depuis l’amendement de Kigali. Petite réserve aussi au PS: Olga Zrihen se demande si on pourra éviter que se développe un système d’achats et d’échange de quotas, « qui permettrait à certains de ne pas prendre les mesures qui s’imposent », dit-elle. Avant d’ajouter dans un sourire: « J’espère que, en 2048, quand je serai dans mon home, je pourrai expliquer à mes petits-enfants comment on a adopté le texte au Parlement wallon ». C’était en janvier 2018.

Source: l’Avenir