La Royale Harmonie de Jodoigne célèbre cette année ses 200 ans. Samedi, elle a livré un concert de gala à son image: enthousiasmant et varié. Avec, en prélude, les discours de son président Jean Levieux… et de moi-même.

C’était il y a 200 ans. La Royale Harmonie était créée à Jodoigne… sous un autre nom. Samedi, elle a fêté son bicentenaire par un concert de grande qualité (entrecoupé d’explications révélées par Yves-Marie Etienne). Juste après le mot de son président Jean Levieux, j’ai eu l’honneur de, moi aussi, pouvoir prendre la parole, pour mettre en valeur le travail de cet ensemble à qui je souhaite le meilleur pour les 200 années à venir.
Retrouvez ci-dessous mon discours.

« 200 ans de la Royale Harmonie de Jodoigne
29 octobre 2016

Chers musiciens,
Chers mélomanes,
Mesdames et messieurs,

On dit que la musique adoucit les moeurs. Visiblement, elle conserve aussi puisque, cette année – le 1er décembre, diront les plus rigoureux d’entre nous -, sera celle du bicentenaire pour la Royale Harmonie. Ce qui en fait, sauf erreur de ma part, la plus ancienne association en activité de l’entité de Jodoigne.

200 ans. Un bail que je ne tenterai pas de résumer de manière complète : ce serait utopique et ne ferait que retarder la suite des réjouissances de ce soir.

Mais comment ne pas pointer ce 1er décembre 1816 où, alors que l’hiver frappait à la porte, ils sont dix-sept à avoir créé la Société d’Harmonie de Jodoigne ? Comme le rappelait un jour Emile Courtoy, l’objectif de ces dix-sept sociétaires originels était de « raviver la musique populaire, ranimer le goût des concitoyens pour cet art qui puise au fond des coeurs ses thèmes les plus purs : souffrances, joies, plaisirs et larmes ». 200 ans plus tard, ces leitmotivs restent d’actualité et c’est tant mieux.

Ce qui a, par contre, changé, c’est l’appellation de l’association. Sans pour autant qu’elle ne perde sa vocation : en 1835, elle devient la « Société de Musique de Jodoigne » et, en 1903, recevant la permission de porter le titre de « Société Royale », elle prend son nom actuel.

Des prestations, la Royale Harmonie a en livrées un nombre incalculable, des concerts couverts aux promenades musicales par quasi tous les temps. Sans parler de toutes celles qui se sont déroulées au n°5 de la Place de la Victoire, dans ce qui s’appelait autrefois la Salle de l’Harmonie, construite à la fin du XIXe siècle grâce aux deniers personnels du notaire Max Pastur et qui abrita ensuite un magasin de meubles bien connu.

Un autre grand moment de l’histoire de la Royale Harmonie s’est déroulé en 2009. Après quinze années sous la direction de Christophe Lacroix, l’ensemble a enregistré son tout premier CD. Les prises de son se sont faites au Centre culturel… de Perwez en septembre et, deux mois plus tard, « Geldonia Feria » était disponible. On y retrouvait un aperçu de ce dont est capable la Royale Harmonie : des grands compositeurs, des morceaux plus calmes, de la fantaisie, de l’ambiance, une marche et de la musique de film.

Je m’en voudrais également de ne pas me réjouir au nom de la Ville et de ses habitants que Jodoigne puisse compter en son sein une association telle que la Royale Harmonie. Elle est en effet l’illustration vivante que, si l’union fait la force, elle peut également mener à des réussites sonores.

Avec Christophe Lacroix, un chef dont les mérites et la personnalités sont sans cesse vantés. On le dit doué, fougueux, impétueux et virtuose… et qui le connaît n’osera pas affirmer le contraire. Se voir confier de telles responsabilités à l’entame de la vingtaine, c’est une chose. Mais les assumer avec brio et dans la durée, c’en est une autre qui lui font honneur. Bravo à lui !

Avec aussi un président sans qui le monde associatif jodoignois ne serait pas ce qu’il est. Sportif sur le terrain ou à côté, Grand Bailli défenseur du patrimoine (gastronomique avant tout), conseiller communal puis échevin, vendeur de meubles à la Place de la Victoire, arpenteur invétéré des rues de la cité qui l’a vu naître et s’épanouir mais aussi spécialiste des bons mots de bon aloi – merci de me pardonner pour toutes les casquettes que j’oublie -, Jean Levieux a fait plus que de simplement endosser l’habit de président de la Royale Harmonie quand, en 2000, il a pris le relais de feu Joseph Delvaux, ce dernier ayant activement participé à la renaissance de l’ensemble. Merci à toi, Jean, pour tout ce que tu as fait… et pour tout ce que tu vas encore réaliser !

Avec des musiciens aussi importants les uns que les autres, qu’ils soient expérimentés ou pas encore… Pour l’anecdote, en 1816, le règlement de la Société d’Harmonie stipulait que celle-ci serait composée de musiciens amateurs ayant au moins quatorze ans accomplis. Les plus jeunes étaient éventuellement acceptés s’ils pouvaient compenser leur jeune âge par des aptitudes déjà effectives. Aujourd’hui, ils sont une vingtaine à donner vie à la Royale Harmonie. Mais combien sont-ils, ces percussionnistes, ces joueurs d’instruments à vent… à avoir pris part à cette grande aventure de deux siècles ? Eux aussi méritent d’être mis à l’honneur.

Sans oublier celles et ceux qui, bien que n’apparaissant jamais sur la scène ou dans les cortèges, n’en ont pas moins autant d’importance en participant activement aux aspects techniques, à l’intendance au sens large du terme, au transport, à la logistique… Car la Royale Harmonie, c’est une équipe où chacun joue son rôle dans l’interprétation d’une partition qui, depuis 200 ans, participe activement au rayonnement intra et extra muros de la ville de Jodoigne.

Le mérite en revient à chacun d’entre vous ainsi qu’à tous ceux qui vous ont précédé. Tous, vous avez réussi à conjuguer la passion pour la musique à la volonté de répéter, répéter et encore répéter pour viser l’excellence. Des valeurs de travail et d’effort qui méritent bien d’être rappelées : à l’heure où la société tend davantage vers l’immédiateté et la facilité, vous avez opté – à juste titre – pour une voie plus ardue mais ô combien méritoire.

Et tout ça au service d’un répertoire qui a le mérite de la variété. Ecouter la Royale Harmonie, c’est risquer le plaisir de se trouver plongé dans les univers d’Edvard Grieg, Billy Joel, George Gershwin, Vangelis, Mozart, Michael Kamen, Dizzy Stratford, John Williams, Jacob de Haan, Modeste Moussorgski, Charles, Queen…

Voire même de Peter Pan (je fais ici référence à votre spectacle de mars dernier). Peter Pan qui, s’il ne fut pas un grand compositeur, demeure l’incarnation d’une jeunesse éternelle que je ne peux que vous souhaiter à toutes et tous qui, soyez-en remerciés, donnez vie à cette Royale Harmonie à qui je souhaite une fois encore un « Bon anniversaire ! »…. et bonne chance à celui qui devra souffler les 200 bougies ! »